L’évolution des loisirs et des groupes sociaux au Québec : Des cercles des fermières aux nouvelles formes de communauté
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Le 27 novembre 2024
Depuis plus d’un siècle, les loisirs et les groupes sociaux ont joué un rôle clé dans la cohésion sociale et culturelle du Québec. Des organisations comme les Cercles des Fermières ont non seulement servi de lieux de rassemblement, mais ont également encouragé le partage de savoir-faire, la solidarité, et la préservation des traditions québécoises. L’évolution des loisirs et de ces groupes sociaux reflète les changements démographiques, économiques et technologiques de la province. Cet article explore cette transformation à travers les époques, en s’appuyant sur des données et des statistiques québécoises.
Les débuts : Les cercles des fermières et la vie rurale (1915-1950)
Fondé en 1915, le Cercle des Fermières du Québec est l’un des plus anciens groupes sociaux au Québec. À une époque où la province était largement rurale et où les activités domestiques prenaient une place importante dans la vie quotidienne, ces cercles avaient pour objectif de rassembler les femmes pour améliorer leurs connaissances en artisanat, couture, cuisine et autres tâches ménagères. Ils jouaient également un rôle dans la transmission des traditions québécoises, notamment les techniques de tissage et de broderie, tout en offrant une rare opportunité d’échanges sociaux dans des communautés souvent isolées.
Les Cercles des Fermières ont prospéré pendant plusieurs décennies, devenant une organisation influente pour les femmes québécoises vivant dans les régions rurales. En 1950, on comptait plus de 500 cercles dans toute la province, regroupant environ 50 000 membres. À cette époque, ces cercles représentaient un espace essentiel de socialisation et d’autonomisation des femmes, tout en contribuant au développement rural du Québec.
L’urbanisation et l’émergence de nouveaux loisirs (1960-1980)
L’urbanisation rapide des années 1960, marquée par l’exode rural et la montée de la classe moyenne, a modifié les loisirs et la structure sociale du Québec. Les cercles comme celui des Fermières, bien qu’encore présents, ont dû s’adapter à une nouvelle réalité où de plus en plus de Québécois vivaient dans les villes et avaient accès à des loisirs modernes. Les associations sportives, les clubs de loisirs urbains et les organisations culturelles ont vu le jour dans cette période, diversifiant les options pour les citoyens québécois.
Le rôle des groupes sociaux a également évolué. Alors que les Cercles des Fermières continuaient de se concentrer sur l’artisanat et l’échange de compétences, d’autres organisations, comme les scouts, les clubs de bénévolat ou les clubs de l’âge d’or, ont gagné en popularité. Ces nouveaux groupes répondaient aux besoins d’une population urbaine en pleine croissance, en mettant l’accent sur des loisirs modernes comme les activités sportives et sociales.
Selon Statistique Canada, entre 1960 et 1970, le taux de participation à des groupes sociaux et communautaires au Québec a augmenté de 30 %, avec la création de centaines de clubs locaux et d’associations.
La diversification des loisirs et groupes sociaux (1980-2000)
Les années 1980 et 1990 ont été marquées par une diversification accrue des loisirs. L’arrivée de la télévision câblée, de la culture pop, et l’intérêt croissant pour les loisirs numériques ont changé la manière dont les Québécois passaient leur temps libre. Les groupes sociaux ont dû s’adapter à ces nouvelles tendances, tout en maintenant leurs missions communautaires.
Les Cercles des Fermières ont élargi leur champ d’activité pour inclure des initiatives culturelles et éducatives, attirant une nouvelle génération de femmes. Des groupes comme les clubs de lecture, les associations de parents et les clubs de marche ont aussi pris de l’ampleur. Des statistiques de l’Institut de la statistique du Québec montrent qu’en 1995, plus de 40 % des adultes québécois faisaient partie d’un groupe ou d’une association de loisirs.
Les clubs sportifs, notamment les clubs de hockey, de soccer et de ski, sont également devenus des espaces sociaux cruciaux pour les familles québécoises, tandis que les clubs de danse sociale, popularisés dans les années 1990, ont renforcé les interactions intergénérationnelles.
Les loisirs modernes et les groupes sociaux en transition (2000-2024)
À partir des années 2000, les loisirs et les groupes sociaux ont continué de se transformer avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux. Alors que certaines formes de loisirs traditionnels, comme les clubs de lecture ou les associations culturelles, subsistent, d’autres groupes ont pris des formes plus informelles et numériques. Les communautés en ligne, centrées sur des intérêts communs tels que la cuisine, le sport ou l’artisanat, ont émergé, permettant aux Québécois de partager leurs passions sans contraintes géographiques.
Par ailleurs, le Cercle des Fermières a continué de jouer un rôle important dans la préservation du patrimoine culturel québécois. En 2023, le Cercle comptait encore plus de 30 000 membres répartis dans plus de 600 cercles à travers la province. Cela témoigne de la résilience et de la capacité d’adaptation de ces groupes, qui ont su moderniser leurs pratiques tout en restant ancrés dans des traditions.
Selon un rapport de Loisir et Sport Québec en 2022, 65 % des Québécois participent à des loisirs sociaux ou communautaires, un chiffre qui inclut à la fois des groupes formels comme les clubs sportifs et des groupes informels sur les réseaux sociaux. Ces nouvelles formes de socialisation, bien que moins institutionnalisées que les cercles traditionnels, continuent de jouer un rôle clé dans la création de communautés et le bien-être collectif.
Une évolution continue des loisirs et groupes sociaux
L’évolution des loisirs et des groupes sociaux au Québec, des Cercles des Fermières aux nouvelles communautés numériques, montre une capacité d’adaptation à un environnement en constante transformation. Tandis que certains groupes se sont maintenus en s’adaptant aux besoins modernes, d’autres formes plus fluides et numériques ont émergé, répondant aux attentes d’une société de plus en plus connectée. Toutefois, l’esprit communautaire et la recherche de liens sociaux demeurent des constantes, que ce soit à travers l’artisanat, le sport, ou les interactions en ligne.
Références
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Statistique Canada. (1995). Participation aux groupes sociaux et communautaires.
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Institut de la statistique du Québec. (2023). Rapport sur la participation aux loisirs communautaires.
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Loisir et Sport Québec. (2022). L’évolution des loisirs sociaux au Québec.
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Fédération des Cercles des Fermières du Québec. (2023). Histoire et évolution des Cercles des Fermières.
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